Mue politique de l'UMP, rapprochement d'Alcatel et de Nokia, polémique suite aux propos du rappeur Booba sur Charlie Hebdo : hier soir sur i>Télé, Antoine Carette, président des Jeunes Démocrates, a décrypté l'actualité au micro d'Audrey Pulvar.
Retrouvez la vidéo complète de l'émission, dont voici des extraits, sur le site de i>Télé :
Audrey Pulvar : On va commencer par parler de l'UMP avec le bureau politique de ce soir, la nouvelle démocratie qui s'organise au sein de l'UMP. Les partis gaullistes ont plutôt toujours été des partis légitimistes avec un chef et derrière tout le monde qui suit, et là, l'UMP s'ouvre à de nouveaux procédés, par exemple la procédure des primaires. Bon, on a l'impression que des mauvaises habitudes perdurent, à voir le communiqué de presse par lequel Nicolas Sarkozy a quasiment désigné Christian Estrosi tête de liste aux régionales en PACA. Il y a quand même une commission qui va quand même se réunir jeudi et qui devrait entériner cette nomination.
Peut-être qu'il n'a pas été désigné encore officiellement mais il y a eu un coup de boutoir, c'est-à-dire que tout le monde va devoir se ranger parce que le président de l'UMP a annoncé qu'il appuyait la candidature d'Estrosi. Mais ce que je fais comme différence, c'est que je vois d'un côté l'UMP, et de l'autre côté Nicolas Sarkozy. A l'UMP, il y a des gens extrêmement bien, qu'on apprécie, et il y a un Nicolas Sarozy qui d'ailleurs essaie de recréer un parti à côté qui s'appelle Les Républicains ou tout ce que l'on veut - en effet c'est peut-être le style bling-bling américain de Nicolas sarkozy, mais peu importe - il recrée ce parti pour lui, par lui, avec lui... On a l'impression qu'il fait autour de lui une nouvelle formation pour, justement, s'extirper de toutes les règles qui pourraient être celles de l'UMP.
Les primaires qu'il organise, alors c'est joli, mais on sait très bien quand on milite dans un parti politique qu'il est extrêmement facile de constituer un bureau politique qui nous est favorable, de constituer des fédérations, des grands élus qui vont nous appuyer. Et donc, qu'est-il en train de faire aujourd'hui avant de lancer son nouveau parti? C'est de mettre en place ses majordomes ici et là.
Audrey Pulvar : Ses majordomes, comme vous y allez! Mais alors est-ce que le centre doit participer à cette primaire? C'est l'une des questions qui se posent.
Je ne pense pas, ce n'est pas notre vocation. Le centre a un projet politique différent de l'UMP, ce qui ne veut pas dire qu'on ne doit pas dialoguer.
Audrey Pulvar : Mais il y a des alliances possibles, on l'a vu encore avec les dernières élections.
Bien sûr!
Marine Grenier (UMP) : Mais l'UDI va participer à ces primaires...
Alors l'UDI, peut-être, on verra, c'est son choix. C'est aussi une formation du centre mais qui malheureusement, à mon avis, par le jeu, par les règles de scrutin actuelles, les règles électorales, est obligée de s'infédoder à l'UMP. Et cela, je le regrette parce qu'il y a un vrai projet, il y a un vrai électorat du centre qui attend des positions un peu plus modérées, un peu plus tempérées que ce qu'on peut avoir à l'UMP.
Et si on doit rejouer le match François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, on n'avance pas, ce sera un peu la loterie entre les trois candidats.
Audrey Pulvar : Deuxième thème de ce soir, le rachat d'Alcatel par Nokia. On n'en est pas encore là, pour le moment les deux groupes discutent. Mais leur fusion créerait un champion européen de l'équipement de réseau qui pourrait être à hauteur du leader en Europe, Eriksson, de dépasser les 25 milliards d'euros de chiffre d'affaire, les 120 000 salariés dans le monde, encore que les syndicats s'inquiètent d'éventuelles suppressions de poste et, pour l'instant, Emmanuel Macron assure qu'en tout cas en France il n'y aura pas de suppressions de postes. La solution pour des pays comme la France qui sont en situation de désindustrialisation et de perte de compétitivité, ce n'est pas justement un rapprochement avec des champions européens, des grands groupes européens, pour avoir une force de frappe au niveau européen?
J'applaudis plutôt ce que dit Emmanuel Macron. C'est intéressant de voir qu'on pense enfin européen. Ce qu'on a porté pendant les élections européennes, il y a tout juste un an, c'est justement la création de grands champions européens. Aujourd'hui on doit se battre avec des géants la Chine, le Brésil, l'Inde. Si on continue à réfléchir franco-français, on n'est pas sorti de l'auberge. Et on a déjà vécu ce type de débat avec la question d'Alstom il y a un an à peu près. J'espère que cette fois-ci cela ne va pas donner lieu à un nouveau psychodrame.
Ce qu'il faut comprendre c'est que l'on sera plus fort, nous Européens, si on est uni. On ne va pas se faire de la concurrence entre États européens. La concurrence, faisons-la aux autres puissances mondiales et développons des champions, des leaders.
Je pense que sur la question de l'emploi il faut réfléchir au long terme, c'est-à-dire qu'est-ce qui est le plus intéressant. Si c'est garder des petits groupes qui vont se faire dévorer petit à petit ou se faire grignoter des parts de marché, ou est-ce qu'il n'est pas plus intéressant de créer justement des leaders qui soient de poids à rivaliser avec les autres.
Audrey Pulvar : Troisième thème, il nous reste à peine deux minutes pour en parler: "Quand on joue avec le feu on se brûle", c'est ce qu'a déclaré Booba à propos des assassinats des caricaturistes et journalistes de Charlie Hebdo. Il revenait sur l'une de ses chansons dans laquelle il entonne "t'as mal parlé, tu t'es fait plomber, c'est ça la ruse, c'est ça les tranchées". Il estime, sans forcément partager l'idée qu'il faille assassiner ceux avec lesquels on n'est pas d'accord, il estime que quand on insulte le prophète, je le cite, "il faut s'attendre à une riposte". Votre réaction très rapide?
Je trouve que créer des polémiques comme cela pour lancer son album ou autre, c'est complètement irresponsable. Cela dit, quand on met derrière un slogan "Je suis Charlie" des millions de personnes, forcément il y a différentes conceptions, des amalgames qui se mettent en place.